Quand le silence s'installe
- drouinaureline
- 11 juin
- 6 min de lecture

Il y a des silences qui apaisent. Et d’autres qui blessent. Dans une relation, le silence peut être un refuge, une protection… ou une arme. Quand il s’installe durablement, il devient un langage à part entière, souvent plus puissant — et plus destructeur — que les mots.
Mais tous les silences ne se valent pas. Et pour les comprendre, il est essentiel de distinguer deux profils bien différents : le taiseux et le manipulateur. Car si le silence peut être un simple mode de fonctionnement, il peut aussi cacher un véritable rapport de force.
Le profil du taiseux : quand le silence est une protection
Un taiseux est une personne qui parle peu, non pas pour punir ou dominer, mais parce qu’elle ne sait pas ou ne peut pas dire. Son silence n’est pas une forme de froideur, encore moins de malveillance. Il est souvent le fruit d’une histoire personnelle ou d’un tempérament.
Ce trait peut venir de l’enfance, d’une éducation où les émotions étaient peu exprimées, voire réprimées. Parler, dans ce contexte, pouvait être perçu comme un danger, une faiblesse ou un effort inutile. Le taiseux a pu aussi faire l’expérience qu’exprimer ses pensées ou ses émotions n’apportait rien ou pire, exposait à la critique ou au rejet.
C’est une personne qui se tait par pudeur, par peur du conflit ou par fatigue émotionnelle. Elle a souvent du mal à mettre des mots sur ce qu’elle ressent, et préfère parfois le silence à la maladresse. Il ne s’agit pas d’un manque d’affection ou d’intérêt, mais d’une réelle difficulté à verbaliser ce qui se passe en elle.
Pourquoi agit-il ainsi ?
Il a souvent peur de mal faire, de mal dire.
Il ne sait pas faire.
Il fuit le conflit, redoute les confrontations.
Il est submergé par ses émotions et préfère se retirer pour ne pas exploser.
Son fonctionnement
Il se mure dans le silence pour se protéger.
Il pense que le temps va régler les choses, que "ça va passer".
Il est souvent dans une forme d’évitement émotionnel.
Comment sortir de ce schéma ?
Prendre conscience du problème : Le taiseux doit comprendre que son silence n’est pas neutre. Il a un impact réel sur l’autre, même s’il ne le souhaite pas.
Mettre des mots simples sur les ressentis : Il n’est pas nécessaire d’avoir un discours élaboré. Dire « je ne sais pas quoi dire », « j’ai besoin de temps » ou « je me sens mal à l’aise » est déjà un pas.
Créer un espace de dialogue sécurisé : L’autre partenaire doit aussi adopter une posture d’écoute bienveillante. Critiquer ou exiger peut bloquer davantage le taiseux. Il faut apprendre à poser des questions ouvertes, sans jugement.
Travailler à deux, voire avec un professionnel : La communication est un apprentissage. Un accompagnement (individuel ou de couple) peut aider à briser les habitudes de silence.
Valoriser chaque tentative d’ouverture : Même minime, chaque effort doit être reconnu. Cela encourage la communication et favorise la confiance mutuelle.
Le profil du manipulateur : quand le silence devient une arme
C'est un autre profil important a décelé. Le manipulateur, lui, utilise le silence de manière stratégique. Il sait que ce silence perturbe, qu’il crée un malaise. Il l’utilise pour prendre le pouvoir dans la relation, pour faire douter, culpabiliser, blesser, se faire désirer ou par vengeance, rancune...
Pourquoi agit-il ainsi ?
Il cherche à contrôler l’autre, à garder l’ascendant.
Il veut punir sans avoir à le dire.
Il évite toute remise en question en se mettant hors de portée.
Son fonctionnement
Son silence est froid, délibéré.
Il coupe le lien pour renforcer sa domination.
Il revient souvent quand il sent que l’autre est "affaibli" ou prêt à céder.
Comment sortir de ce schéma ?
La première étape la plus importante, est de reconnaître que c’est de la manipulation. Le manipulateur ne "prend pas de distance", il impose un vide pour créer une réaction. Son silence est rarement un simple retrait. Il cherche à :
vous faire douter de vous,
vous pousser à faire le premier pas,
éviter toute responsabilité,
tester votre dépendance affective.
1 - Refuser de jouer le jeu : Le manipulateur compte sur votre réaction émotionnelle. Plus vous cherchez à comprendre, à relancer la conversation, à vous excuser même sans savoir pourquoi… plus il renforce son pouvoir.
Ne le relancez pas immédiatement.
Ne comblez pas le vide qu’il crée pour vous faire réagir.
Choisissez plutôt l’indifférence active : prenez de la distance émotionnelle sans pour autant vous couper de vous-même.
2 - Poser un cadre clair (une seule fois) sinon vous ne serez plus crédible : Face à un silence volontairement blessant, une communication claire et posée peut désamorcer le piège ou au contraire révéler la vraie nature du lien.
Exemples de phrases :
“Je remarque que tu te replies dans le silence. Je suis ouverte à discuter si tu en ressens le besoin, mais je ne peux pas continuer à avancer seule dans cette relation.”
“Je ne suis pas à l’aise avec ce type de communication. Je ne peux pas m’épanouir dans une relation basée sur l’absence de dialogue.”
⚠️ Un manipulateur ne réagira pas toujours de façon honnête : il peut minimiser, inverser les rôles ou vous faire passer pour “trop sensible”. Restez ferme.
3 - Renforcer votre ancrage intérieur : Le silence du manipulateur vise à vous déstabiliser. Pour sortir du schéma, vous devez retrouver votre centre :
Réévaluez votre valeur en dehors de ce que l’autre vous renvoie.
Appuyez-vous sur des proches fiables, un thérapeute, ou un journal intime.
Reconnectez-vous à vos ressentis : colère, tristesse, impuissance... tout est légitime.
4 - Oser partir si rien ne change : Quand le silence devient récurrent, qu’il sert à tenir l’autre à distance tout en gardant le contrôle, ce n’est plus une relation, c’est une emprise.
Sortir de ce schéma, c’est parfois rompre le lien, ou au moins en changer les règles. Cela peut être douloureux, mais nécessaire pour préserver votre équilibre émotionnel.
Comment faire la différence ?
La distinction est subtile, mais quelques indices peuvent aider :
Comportement | Taiseux | Manipulateur |
Intention | Se protéger | Contrôler, punir |
Émotion ressentie | Gêne, malaise, tristesse | Confusion, peur, culpabilité |
Communication ensuite | Reprise possible, lente | Communication conditionnelle |
Prise de recul | Pour apaiser | Pour faire réagir ou blesser |
Empathie | Présente, mais maladroite | Absente ou feinte |
L’impact du silence sur la relation
Le silence, quand il devient fréquent ou injustifié, crée une distance invisible mais douloureuse. Il rompt la connexion, fait douter de soi, installe un climat d’insécurité émotionnelle. Celui ou celle qui le subit peut ressentir :
Un rejet affectif (« il/elle ne me parle pas, donc je ne compte pas »)
D’être coupable sans savoir pourquoi
D’être prisonnier(ère) d’une attente sans fin
Une incompréhension et une solitude émotionnelle
Avoir une tendance à interpréter négativement le silence : « Il/elle me cache quelque chose », « Il/elle me méprise »
Une impossibilité à résoudre les conflits, qui s’accumulent avec le temps
Un climat d’incertitude émotionnelle qui peut fragiliser le lien et créer une spirale de frustration ou de distance mutuelle.
Ce que l’on ressent… et ce que l’on imagine
Face au silence, notre esprit comble le vide. Et souvent, ce qu’il projette est bien pire que la réalité :
“Il/elle me déteste.”
“J’ai dû dire quelque chose de mal.”
“C’est moi le problème.”
“Il me cache Quelque chose.”
Ce mécanisme renforce l’anxiété, l’auto-culpabilisation et la dépendance affective. On devient obsédé par le besoin de réponse, de retour, de validation. Ou au contraire, ces projections peuvent alimenter l’anxiété, la rancœur, voire pousser à se refermer en retour, créant un cercle vicieux de silence mutuel.
Comment sortir de cette spirale infernale ?
Identifier le type de silence
Est-il ponctuel ou récurrent ?
Y a-t-il une ouverture possible ou une fermeture totale ?
Poser ses limites
“Je ressens ton silence comme une blessure.”
“Si tu as besoin de temps, dis-le-moi. Mais ne me laisse pas dans le flou.”
Ne pas tout internaliser / Ne pas en faire une affaire personnelle
Le silence de l’autre ne parle pas forcément de vous.
Apprenez à ne pas vous rendre responsable de ce qui ne vous appartient pas.
Prendre soin de son espace intérieur
Écrivez, parlez à un proche, mettez des mots sur vos émotions.
Reconnectez-vous à vous-même plutôt que d’attendre que l’autre vous “rende votre place”.
Sortir si nécessaire
Si le silence est utilisé comme outil de domination, il est parfois nécessaire de s’en éloigner pour se protéger.
En conclusion
C'est un sujet qui me tenait particulièrement à cœur et qui a changé beaucoup de chose dans ma vie quand j'ai compris cela. Le silence peut être un besoin. Mais quand il devient une habitude, une stratégie ou une punition, il abîme profondément les liens. Il faut apprendre à l’écouter, à l’analyser… et parfois à s’en libérer.
Se taire peut être une forme de sagesse. Mais faire taire l’autre, ou le laisser dans le noir, n’est jamais une preuve d’amour.

Je m’appelle Auréline Drouin Kinésiologue certifiée, passionnée par mon métier et le compréhension de l’être humain.
Je vous accompagne en kinésiologie afin de lever les stress, les croyances, les blocages qui se cachent derrières vos douleurs, maladies, troubles émotionnels afin de libérer votre corps et de retrouver un équilibre physique, physiologique, émotionnel et social.
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